Etat du dialogue social en France : les résultats contrastés révélés par le baromètre Syndex-Ifop 2025
Les résultats de la septième édition du baromètre Syndex-Ifop sur l’état du dialogue social en France ont été publiés. Seule étude à croiser le regard des salariés, des représentants du personnel, et des directions sur les relations sociales en entreprise, que faut-il en retenir ?
Une enquête à grande échelle
L’Ifop a dévoilé, le 24 janvier dernier, les résultats du baromètre 2025 sur l’état du dialogue social en France.
Ont ainsi été interrogés, en septembre et octobre 2024, par le biais d’un questionnaire :
- 1303 salariés ;
- 1878 représentants du personnel ;
- 400 chefs d’entreprise et DRH.
Il s’agit de la seule étude nationale sur le dialogue social interrogeant à, grande échelle, un échantillon aussi représentatif de l’entreprise.
De plus, des entretiens téléphoniques d’une heure ont été menés avec 8 représentants du personnel.
Quels constats en ont émané, et surtout quelles pistes d’amélioration sont à explorer ?
Un contexte défavorable au dialogue social
Il ressort tout d’abord de l’étude que le contexte politique et économique pèse lourdement sur le dialogue social. Les représentants du personnel sont seulement 67 % à estimer que la situation économique de leur entreprise est bonne. Il s’agit du score le plus faible enregistré depuis 2018 (- 7 points par rapport à 2023).
L’étude fait état d’un contexte économique qui pèse manifestement lourd sur le dialogue social.
Ce constat se matérialise également par le fait que les élus sont moins nombreux cette année à se déclarer motivés (59 % vs 65 % en 2023) et sont de plus en plus nombreux à se montrer inquiets (+ 5 pts), davantage déçus (+ 4 pts) et en colère (+ 3 pts).
Ainsi, même si le taux de motivation reste élevé, les sentiments d’inquiétude, de déception et de colère qui avaient reculés ces deux dernières années, repartent cette année à la hausse.
Le regain d’intérêt pour les syndicats et les comités sociaux et économiques (CSE) relevé l’année passée semble être retombé, un an après la fin du mouvement contre la réforme des retraites et les élections du CSE dans un grand nombre d’entreprises.
Parallèlement, les représentants du personnel jugent majoritairement les directions comme “fermées” et “attentistes”. Cette perception étant en augmentation pour la quatrième année de suite (+10 pts par rapport à janvier 2021).
Aussi, les représentants du personnel se montrent critiques sur l’état du dialogue social dans leur entreprise en lui attribuant une moyenne de 5,3/10 seulement.
Pour les représentants du personnel, la moyenne de la plupart des indicateurs de la qualité du dialogue social au sein de leur entreprise se dégrade.
Bon à savoir : Le baromètre indique que les entretiens menés montrent qu’outre la disponibilité et la considération accordée à ses interlocuteurs, l’expertise des directions concourt largement à un dialogue social apaisé (ancienneté dans la fonction, connaissance du secteur d’activité et niveau de formation au dialogue social).
Une perception positive du CSE qui se confirme, contrastée par un sentiment de manque de considération
Le baromètre souligne que le CSE continue d’être perçu comme utile et important pour la défense des intérêts des salariés et l’amélioration des conditions de travail.
Ainsi, plus des trois quarts des salariés et une part encore plus importante des dirigeants d’entreprise s’accordent sur l’utilité du CSE.
Près de 7 salariés sur 10 ont une “bonne image” du CSE, et 6 salariés sur 10 s’estiment bien informés des actions menées.
En revanche :
- si plus de 6 salariés sur 10 déclarent être informés des actions et prérogatives culturelles du CSE ;
- seulement la moitié connaît ses prérogatives économiques ;
- et une très faible minorité connaît ses prérogatives environnementales.
Les salariés estiment que le CSE est utile pour les défendre et notamment pour faire remonter à l’employeur les réalités vécues sur le travail.
Les CSE déplorent, de leur côté, le manque de temps, de moyens et de considération de la direction.
Les élus dénoncent une charge de travail alourdie, et une professionnalisation aux conséquences néfastes sur :
- l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle ;
- les risques psychosociaux ;
- la perte de compétences fines ;
- la baisse d’attractivité pour les fonctions de représentant du personnel.
Le temps et l’énergie investis ainsi que le manque de considération de la direction sont les deux premiers motifs potentiels de non-représentation aux élections des représentants du personnel, alors que 90 % des représentants du personnel disent que leur CSE rencontre des difficultés à recruter de nouveaux candidats.
Notez le : C’est notamment pour répondre au manque de candidats et ne pas perdre des élus expérimentés que l’accord national interprofessionnel du 14 novembre 2024 prévoit l’abrogation de la limitation à 3 du nombre de mandats au CSE.
Des sujets de préoccupation identiques à ceux de l’année précédente
Les principaux sujets de préoccupation des salariés et des représentants du personnel restent :
- les conditions de travail ;
- la santé et les risques psychosociaux ;
- le pouvoir d’achat et la rémunération.
De plus, l’enjeu d’égalité femmes-hommes, nouvel item cette année, est jugé prioritaire par une majorité de salariés et de représentants du personnel.
Bon à savoir : 93 % des représentants du personnel interrogés déclarent que leur CSE a désigné un référant en matière de lutte contre le harcèlement sexuel et les agissements sexistes.
Il ressort également de l’étude une volonté d’aborder des thèmes d’actualité : télétravail, instauration de la semaine de 4 jours, emploi des seniors etc.
A contrario, une faible considération donnée aux thèmes de l’intelligence artificielle et de l’environnement se confirme.
Quelles sont les attentes des représentants du personnel ?
L’étude souligne des attentes fortes de la part des représentants du personnel et des salariés qui souhaitent être davantage consultés sur leur travail et la manière de l’exercer.
Ils estiment que le pouvoir décisionnaire dans l’entreprise devrait être mieux réparti entre la direction, le CSE, les RP et les salariés.
Selon les représentants du personnel, les évolutions prioritaires à mettre en place pour les 5 ans à venir sont les mêmes que l’année passée, à savoir :
- renforcer le poids des avis émis par le CSE ;
- un dialogue social au plus près du terrain ;
- des réunions de CSE recentrées sur les sujets importants ;
- un accès renforcé à l’information et à l’expertise ;
- un agenda social articulant consultations et négociations ;
- davantage de formations pour les élus ;
- du temps de délégation et des moyens supplémentaires pour exercer le mandat de représentant des salariés ;
- la mise en place d’une « cogestion », avec un rôle des représentants du personnel dans la gestion de l’entreprise ;
- le développement du dialogue social sur la transition climatique et les conséquences environnementales de l’activité de l’entreprise.
Baromètre Syndex-Ifop 7e édition publié le 24 janvier 2025 : Etat du dialogue social en France, Le regard des représentant.es des salarié.es, des directions et des salarié.es